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Je me souviens de Léo Noël, de Barbara et de l’Ecluse

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  La mémoire fonctionne à base de Flashs. Celui-ci ne me semble pas seulement dû au fait que je suis de retour à Paris. Pourtant, c’est ce que je voudrais croire. C’est comme si je jouais à pile ou face en fonction des lieux où je me trouve. Depuis le mois d’avril, j’accumule des noms de personnes, d’événements ou de sites sans me résoudre à en choisir un en particulier. Comme si la visite mémorielle du parc de Chèvreloup avait occulté toute autre accroche, en occupant un horizon référentiel : la sauvegarde de mon passé de botaniste. Et cet horizon miraculeux de l’écriture, devenu hors de portée pour des semaines, est resté inatteignable jusqu’au moment où mon attachement à la montagne et au Lac de Genève a cessé par un déménagement complet de tous les meubles et les objets qui me rattachent encore à trois générations passées. Une cohabitation en forme d’adieu partiel, sans réelle douleur, ou alors seulement avec une douleur invisible et paradoxalement consolatrice. Il a en ef

Je me souviens des matinées dans le Parc de Chèvreloup

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  Vue de l'arboretum de Chèvreloup  © MNHN - S. Gerbault En inaugurant cet espace de mémoire, je me suis persuadé qu’il ne pouvait y avoir que des hasards heureux. Un mail est arrivé récemment dans ma boîte, me conduisant vers un lien qui a réveillé ma sensibilité de botaniste. Il était signé de l’ «  Arboretum Versailles – Chèvreloup - Museum National d’Histoire Naturelle  ».   Je suppose que pour tous ceux qui ne connaissent pas ce parc, le nom pourra prêter à sourire et à se replonger dans une ambiance enfantine. Une chèvre courageuse et un loup affamé et obstiné risquent de réapparaître. Ce double intitulé a en effet tout de la fable. Et en ce qui me concerne, je dois y ajouter d’autres protagonistes familiers des fables : des milliers de lapins courant dans les prés et les sous-bois, sans se soucier de ma présence, ni de celle d'autres prédateurs potentiels ! Si le nom a rejoint, depuis la fin des années soixante-dix du siècle précédent, une couche stratifiée de

Je me souviens de la venue de Fritz Lang à Paris en 1965

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  C’est en retrouvant une photographie de la villa Malaparte à Capri sur les marches de laquelle flotte depuis 1963 le souvenir des acteurs du «  Mépris  » : Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance et Fritz Lang , que le visage au monocle du grand cinéaste est venu me hanter de nouveau. Il figurait déjà dans les armoires de ma mémoire comme un double héritage familial, un héritage d’adolescence. Mon père avait découvert «  Metropolis   » quelques années après être arrivé à Paris et avoir intégré l’école Estienne pour y apprendre le dessin lithographique. J’ai ainsi retrouvé quelques dessins de l’androïde du film, intercalés entre des exercices, dont l’influence graphique «  Arts Décos  » s’exerçait depuis l’E xposition internationale " des arts décoratifs et industriels modernes  » de 1925 qu’il avait visitée à l’âge de treize ans et celle de l’Exposition coloniale qui s’est tenue quelques années après son entrée à Estienne. Et c’est avec ma mère, que j’ai suivi dur

Je me souviens…de la première rencontre avec Marie Louise Gräffin von Plessen

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Parmi les amis qui m'ont parlé concrètement des débuts du Centre Pompidou de Paris, Marie-Louise Gräffin von Plessen , compagne de Karl Gunnar Pontus Hultèn , premier Directeur artistique du Centre, disparu en 2006, figure en première place. Karl Gunnar Pontus Hultèn  Je l'ai rencontrée pour la première fois virtuellement, grâce à son travail, à Weimar , ville devenue capitale européenne de la Culture en 1999. Elle avait préparé en extérieur une exposition de panneaux illustrés proposant une interprétation de la longue histoire de la ville ( De Goethe et Schiller à la République renversée par Hitler et enfin Buchenwald ).  J’avais eu la chance d'admirer l'érudition cette installation dans le cadre d’une réunion des «  Rencontres  », une association réunissant les élus à la culture des villes d’Europe.  Je ne peux oublier l'émotion soulevée par la visite du camp de concentration en compagnie de Jack Ralite , disparu en 2017, éphémère ministre communiste dans le pre